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AVIS D'PAS SAGE, Figeac
du 29 au 31 mai
Champollion, décrypteur de l'écriture égyptienne,
est né à Figeac. La cité du Lot, dont la vieille ville
est fort bien entretenue, l'en remercie avec un musée, une librairie
regorgeant d'égyptologie pour grands et petits, un monument aux
morts en forme d'obélisque, des hiéroglyphes qui ornent les
boutiques, les cafés...
André Minvielle inaugure les festivités. Il parle du Béarn,
chante en patois, fait des jeux de mots, des jeux de voix. D'un grand sac,
il sort un tambour,
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une guimbarde, un gong. Les gamins, bouche ouverte, ouvrent des yeux
comme des billes. Minvielle a une voix, un phrasé comme les chanteurs
de jazz ne savent plus les avoir ça rebondit, se faufile dans les
interstices harmoniques. Voix toujours, à cinq femmes cette fois
pour le Vocal instantané élastique. A capella elles chantent
des airs de la région, un paso doble; elles lancent des onomatopées,
des noms de légumes et de fleurs, frappent des rythmes avec les
mains. En retour, Prigent bidouille avec un système électronique
des déformations, harmonisations, échos, boucles. Il y a
là une manière culottée de faire bouger la tradition
sans la trahir.
D'ECTOPLASMES FANTOMATIQUES, POINT Puis on est reçu par les couleurs et les parfums d'une foret vierge dans laquelle se trouvent des ordinateurs. Il y a un accès au site du festival (perso.infonie.fr/ccfigeac01), vivant, ludique, à celui de June Houston, une Américaine qui a installé des caméras sous son lit posé sur des poutres et demande qu'on lui signale l'apparition d'ectoplasmes fantomatiques. On n'a rien vu. Il y a aussi un nid de branchages, amoureusement construit, sur place, par Violaine Laveaux. Il est légèrement éclairé. C'est étrange, délassant. Sur scène, Novèl Optic allume un petit feu de révolution. René Duran déclame en occitan, arpente la scène ; Papillion marque un tempo uniforme sur un assemblage de caisses de batteries et d'objets divers. Ils |
sont convaincus, la salle est plus hésitante. Une pause pour
rêver avec Microcosmes, le film de Claude Nuridsany et Marie Pérennou.
Une pause pour être bousculé avec les mixages improvisés
de programmes radio réalisé par Entropie 05-08.
Avis d'pas sage montre bien ses recherches. Le centre culturel permet
un parcours. Il va falloir s'enfoncer dans la ville, pouvoir pousser des
portes, emprunter des ruelles pour découvrir la création
actuelle. Pour l'heure, retour sur les marches avec Claude Gudin. Il est
botaniste, biologiste. Il raconte l'origine des mots, explique ce que sont
le datura, la mandragore. Il est minuit, on pourrait l'écouter toute
la nuit sous un figuier. Conclusion avec Calosme sycophante. Là,
ce sont les insectes qui sont convoqués à partir de textes
de Jean-Henri Fabre, mis en chants par Nelly Frenoux et en saxophones par
Laurent Bigot. Poésie des mots scientifiques, accompagnement délicat,
minimaliste.
Sylvain Siclier |